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Vous roulez tranquillement sur une route départementale quand soudain, vous apercevez du coin de l’œil un dispositif posé sur un trépied. Trop tard. Le flash est déjà parti. Les radars mobiles sur pied représentent aujourd’hui l’un des outils les plus redoutables pour contrôler la vitesse en France. Contrairement aux radars fixes que vous repérez facilement, ces équipements se fondent dans le paysage et surprennent même les conducteurs vigilants.
Définition et types de radars mobiles
Le radar embarqué sur trépied
Le radar embarqué sur trépied constitue la première génération de contrôle mobile mise en service en France dès 2004. Ce dispositif se présente sous forme d’un boîtier compact que les forces de l’ordre installent soit dans leur véhicule stationné, soit à l’extérieur sur un trépied. Contrairement à ce que son nom suggère, ce radar ne fonctionne qu’à l’arrêt complet.
Les modèles comme le MESTA 210 et le MESTA 210C utilisent un système de prise de vue numérique associé à un cinémomètre à effet Doppler. Son avantage majeur ? Sa mobilité. Les forces de l’ordre peuvent le déplacer rapidement d’un point à un autre selon les besoins, couvrant des zones où l’installation d’un radar fixe ne serait pas justifiée. Aucun panneau n’annonce sa présence, ce qui renforce considérablement son effet dissuasif.
Le radar mobile nouvelle génération
Apparu en mars 2013, le radar mobile nouvelle génération est intégré dans des voitures banalisées qui circulent au milieu du trafic. Plus de 450 véhicules équipés sillonnent actuellement les routes françaises.
Les modèles fréquemment utilisés incluent :
- La Renault Mégane
- Les Peugeot 208 et 508
- La Citroën Berlingo
La grande innovation ? Ces radars flashent en roulant. Le dispositif de photographie infrarouge est dissimulé derrière la plaque d’immatriculation avant. Ce flash infrarouge est totalement invisible à l’œil nu. Vous ne saurez que vous avez été contrôlé qu’à la réception du procès-verbal sous 5 à 10 jours.
Depuis 2018, une partie significative de ces véhicules est conduite par des agents de sociétés privées mandatées par l’État. Le système embarqué analyse en permanence le trafic situé sur la gauche du véhicule, que vous dépassiez la voiture banalisée ou rouliez en sens inverse.
Les radars laser et jumelles portatives
Les radars laser, communément appelés « jumelles », sont utilisés depuis 1997 par les forces de l’ordre. Ces appareils portables permettent de mesurer la vitesse d’un véhicule à une distance de 400 à 600 mètres.
Les nouveaux modèles comme le TruSpeed SE peuvent détecter des excès de vitesse jusqu’à 300 kilomètres par heure sur une portée atteignant 650 mètres. L’agent pointe le dispositif dans la direction des véhicules qui approchent et l’appareil affiche instantanément la vitesse.
Ces jumelles ne prennent généralement pas de photographie du véhicule en infraction. Les forces de l’ordre travaillent donc en deux équipes : la première relève les vitesses tandis que la seconde intercepte et verbalise directement les conducteurs.
Au-delà de la vitesse, les modèles récents permettent également de vérifier :
- Présence de la vignette Crit’Air
- Validité du contrôle technique
- Port de la ceinture de sécurité
- Utilisation du téléphone au volant
Fonctionnement technique
L’effet Doppler au cœur du système
L’effet Doppler désigne le changement de fréquence d’une onde perçue par un observateur lorsque la source est en mouvement. Les radars exploitent ce phénomène en émettant des ondes électromagnétiques vers les véhicules.
Le radar émet une onde de fréquence connue vers un véhicule en approche. Cette onde se réfléchit sur la carrosserie et revient vers le radar avec une fréquence légèrement modifiée. Plus le véhicule se déplace rapidement, plus le décalage de fréquence est important. Le système calcule instantanément la vitesse à partir de ce décalage avec une marge d’erreur inférieure à 2 kilomètres par heure.
Les différentes technologies employées
Les radars à ondes hyperfréquences fonctionnent dans la bande K ou Ka, émettant des ondes électromagnétiques à des fréquences comprises entre 24 et 35 gigahertz. Cette technologie équipe les radars embarqués sur trépied et les voitures radars nouvelle génération. L’avantage : pluie, brouillard ou poussière n’affectent que marginalement leur efficacité.
Les radars laser (LIDAR) utilisent un faisceau lumineux infrarouge, émettant des impulsions lumineuses extrêmement courtes. Le laser permet une mesure quasi instantanée de la vitesse, généralement en moins d’une seconde. Le faisceau laser étroit peut cibler précisément un véhicule parmi plusieurs circulant sur des voies adjacentes, éliminant pratiquement tout risque d’erreur d’identification.
Le système de prise de vue
Les radars mobiles modernes intègrent un système photographique numérique haute résolution capturant généralement deux clichés successifs. Le premier montre le véhicule dans son contexte de circulation, le second permet de lire clairement la plaque d’immatriculation.

Les photographies sont horodatées avec précision et comportent : la vitesse mesurée, la vitesse limite autorisée, la date, l’heure, et le numéro d’identification de l’appareil. Ces données constituent les éléments de preuve transmis au Centre National de Traitement des Infractions.
Les marges de tolérance technique
Les radars mobiles appliquent des marges de tolérance pour tenir compte des imprécisions techniques :
| Type de radar | Vitesse mesurée | Marge de tolérance |
|---|---|---|
| Radar sur trépied (à l’arrêt) | Moins de 100 km/h | 5 km/h |
| Radar sur trépied (à l’arrêt) | 100 km/h et plus | 5% |
| Radar mobile en circulation | Moins de 100 km/h | 10 km/h |
| Radar mobile en circulation | 100 km/h et plus | 10% |
Si vous êtes flashé à 95 km/h dans une zone limitée à 80 km/h par un radar sur trépied, votre vitesse retenue sera de 90 km/h (95 – 5), soit un excès de 10 km/h.
La certification et l’étalonnage des appareils
Tous les radars utilisés en France sont approuvés par le Laboratoire National de Métrologie et d’Essais (LNE). Les radars mobiles font l’objet de vérifications régulières : les radars embarqués au minimum une fois par an, les jumelles laser parfois tous les six mois.
Les certificats de vérification accompagnent systématiquement les procès-verbaux en cas de contestation. Un radar dont la certification serait périmée ne pourrait légalement être utilisé et les contraventions établies seraient annulées.
Emplacements autorisés et réglementation
Les critères de positionnement
Les radars mobiles sont prioritairement déployés sur des portions de route présentant un enjeu sécurité routière avéré. Les zones accidentogènes où la vitesse excessive a joué un rôle dans la survenue de collisions constituent le premier critère de sélection.
Les routes où les dépassements de limitation sont fréquents, les abords des établissements scolaires, des zones résidentielles et des centres-villes bénéficient d’une attention particulière. Les routes de campagne sinueuses où la visibilité est réduite constituent également un emplacement stratégique.
Les restrictions légales
Contrairement aux radars fixes, les radars mobiles ne sont pas soumis à l’obligation de signalisation préalable ni aux distances minimales d’implantation. Les forces de l’ordre ne peuvent pas installer un radar mobile sur une propriété privée sans l’accord du propriétaire.
La visibilité du radar sur trépied n’est pas obligatoire. Les forces de l’ordre peuvent le camoufler derrière un panneau de signalisation ou un élément du mobilier urbain. Les voitures radars nouvelle génération doivent circuler dans le respect du code de la route.
La transparence sur les lieux de contrôle
Depuis 2018, les préfectures publient mensuellement la liste des routes où des contrôles sont susceptibles d’être effectués, sans préciser ni le jour, ni l’heure, ni l’emplacement exact.
Les applications comme Waze ou Coyote permettent aux conducteurs de signaler en temps réel la présence de radars mobiles, pratique légale depuis 2014. Ces applications ne doivent cependant pas indiquer la position en temps réel des forces de l’ordre, uniquement mentionner une « zone de danger » ou un « contrôle signalé ».
Votre véhicule est accidenté ? Voici le guide pratique pour bien réagir !
Sanctions et amendes encourues
Barème des contraventions selon l’excès de vitesse
Le code de la route établit un barème progressif des sanctions :
| Excès de vitesse | Amende forfaitaire | Amende minorée | Amende majorée | Points perdus | Suspension |
|---|---|---|---|---|---|
| Moins de 20 km/h (limite > 50 km/h) | 68 € | 45 € | 180 € | 1 point | Non |
| Moins de 20 km/h (limite ≤ 50 km/h) | 135 € | 90 € | 375 € | 1 point | Non |
| De 20 à 30 km/h | 135 € | 90 € | 375 € | 2 points | Possible (3 ans max) |
| De 30 à 40 km/h | 135 € | 90 € | 375 € | 3 points | Possible (3 ans max) |
| De 40 à 50 km/h | 135 € | 90 € | 375 € | 4 points | Possible (3 ans max) |
| 50 km/h ou plus | 1500 € (max) | – | – | 6 points | Possible (3 ans max) |
Pour un excès inférieur à 20 km/h sur une route limitée à plus de 50 km/h, vous recevez une amende de 68 € et perdez 1 point. Pour ce même excès sur une route limitée à 50 km/h ou moins, l’amende grimpe à 135 € en raison du risque accru en milieu urbain.
Au-delà de 50 km/h, l’infraction est qualifiée de délit et les sanctions deviennent particulièrement lourdes.
Les amendes minorées et majorées
Vous bénéficiez de l’amende minorée si vous réglez dans les 15 jours suivant la constatation (ou 30 jours en paiement dématérialisé). Pour une contravention de 135 €, l’amende minorée s’élève à 90 €.
Si vous ne payez pas dans le délai de 45 jours, l’amende est automatiquement majorée à 375 € pour les contraventions initialement fixées à 135 €, soit presque le triple.
Le retrait de points sur le permis
Votre permis de conduire est doté d’un capital initial de 12 points (ou 6 points pour les jeunes conducteurs en période probatoire). Chaque infraction entraîne un retrait de 1 à 6 points selon sa gravité.
Le grand excès de vitesse supérieur à 50 km/h entraîne le retrait maximal de 6 points. Pour un jeune conducteur disposant de seulement 6 points, cette seule infraction suffit à invalider le permis.
La récupération automatique de points s’effectue après un délai sans infraction :
- 6 mois pour un retrait d’1 point si aucune autre infraction n’est commise
- 2 ans pour les contraventions des quatre premières classes
- 3 ans pour les contraventions de cinquième classe et les délits
Vous pouvez récupérer jusqu’à 4 points en suivant volontairement un stage de sensibilisation à la sécurité routière. Ce stage de deux jours coûte environ 250 € et ne peut être suivi qu’une fois par an.
Les sanctions complémentaires
La suspension du permis de conduire est possible dès que l’excès atteint 20 km/h. Le préfet peut prononcer une suspension administrative pour une durée maximale de six mois. Pour les excès supérieurs à 40 km/h, la suspension devient quasi systématique.
La confiscation du véhicule peut être ordonnée par le juge pour les grands excès dépassant 50 km/h. Cette sanction reste exceptionnelle mais légalement possible.
En cas de récidive d’un grand excès supérieur à 50 km/h dans un délai de trois ans, l’infraction devient un délit routier. Vous comparaissez devant le tribunal correctionnel. L’amende pénale peut atteindre 3 750 €, avec une peine de prison pouvant aller jusqu’à trois mois et une suspension de permis pouvant s’étendre jusqu’à trois ans.

La loi prévoit de transformer le grand excès de vitesse en délit dès la première infraction, sans condition de récidive. Cette réforme, décidée lors du Comité Interministériel de la Sécurité Routière de juillet 2023, entrera en vigueur au plus tard le 31 décembre 2025.
Votre assurance automobile subira également les répercussions de vos infractions. Les excès de vitesse entraînent une majoration de votre prime d’assurance, les compagnies considérant les conducteurs verbalisés comme présentant un risque accru, ce qui se traduit par une augmentation tarifaire pouvant persister plusieurs années.
Différences avec les radars fixes
La signalisation préalable
Les radars fixes permanents sont systématiquement précédés de panneaux d’annonce. Sur une autoroute limitée à 130 km/h, le panneau se situe généralement à environ 600 mètres avant le dispositif.
Les radars mobiles ne bénéficient jamais de cette signalisation préalable. Cette absence totale d’annonce amplifie considérablement leur pouvoir dissuasif.
La mobilité et la prévisibilité
Un radar fixe reste ancré au même emplacement, parfois pendant des années. Vous finissez par connaître son emplacement exact si vous empruntez régulièrement l’itinéraire. Un radar mobile change constamment de position sans que vous puissiez anticiper où il sera déployé le lendemain.
Cette imprévisibilité modifie profondément le comportement des conducteurs. Avec un radar fixe, vous adaptez votre vitesse uniquement à proximité du point de contrôle. Avec les radars mobiles, vous devez respecter les limitations en permanence.
Les marges de tolérance appliquées
Les radars fixes appliquent une marge de 5 km/h sous 100 km/h et de 5% au-delà. Les radars sur trépied, bien que mobiles dans leur déploiement, sont considérés comme fixes lors de leur fonctionnement puisqu’ils sont à l’arrêt. Ils bénéficient donc de la même marge réduite.
Seuls les radars mobiles nouvelle génération embarqués dans des voitures en circulation disposent d’une marge élargie à 10 km/h et 10%, en raison de la complexité supplémentaire de mesurer une vitesse depuis un véhicule lui-même en mouvement.
Le type de flash utilisé
Les radars fixes utilisent généralement un flash blanc visible qui illumine brièvement la scène, vous permettant de savoir immédiatement que vous avez été contrôlé. Les radars mobiles nouvelle génération emploient un flash infrarouge totalement invisible. Vous ne le saurez qu’à la réception du courrier de contravention.
La fréquence et les zones de contrôle
Un radar fixe surveille sa portion de route 24 heures sur 24, 365 jours par an. Un radar mobile intervient de manière ponctuelle et imprévisible.
Les radars fixes sont prioritairement installés sur les grands axes à fort trafic, les zones accidentogènes récurrentes, et les portions autoroutières. Leur installation nécessite des travaux de génie civil conséquents : fondations, alimentation électrique, connexion réseau.
Les radars mobiles comblent les lacunes du dispositif fixe. Ils peuvent être déployés sur des routes secondaires, des zones rurales peu fréquentées mais dangereuses, ou des points temporairement sensibles.
La capacité de détection
Les radars fixes de dernière génération peuvent surveiller simultanément plusieurs voies dans les deux sens et distinguer les catégories de véhicules pour appliquer les limitations spécifiques aux poids lourds.
Les radars mobiles sur trépied contrôlent généralement une seule direction de circulation à la fois. Les radars embarqués dans les voitures analysent principalement le trafic situé à leur gauche.
Le traitement administratif
Le traitement des infractions suit le même circuit administratif pour tous les types de radars via le Centre National de Traitement des Infractions de Rennes. Vous disposez d’un délai de 45 jours pour contester une amende forfaitaire.
Les motifs recevables incluent :
- Le vol du véhicule au moment des faits
- La vente du véhicule avant l’infraction
- La contestation de la réalité de l’infraction elle-même
L’absence de panneau de signalisation ne constitue jamais un motif valable de contestation pour un radar mobile.
L’impact financier et l’acceptabilité sociale
Les radars fixes génèrent des recettes prévisibles et constantes pour l’État. Les radars mobiles produisent des résultats plus variables selon l’intensité de leur déploiement et les zones ciblées.
Les radars fixes ont fini par être relativement acceptés comme des outils pédagogiques. Leur signalisation préalable renforce cette perception d’un dispositif préventif plutôt que répressif.
Les radars mobiles suscitent davantage de critiques de la part des usagers qui y voient une approche exclusivement répressive. Les forces de l’ordre répondent que précisément, cette incertitude permanente incite les conducteurs à respecter les limitations en tout lieu et en tout temps, et non pas seulement à proximité des radars signalés.
